Différences entre les versions de « Violences intimes »

De SFDRMG
Aller à la navigation Aller à la recherche
m (Yves.lenoc a déplacé la page Violences dans le couple vers Violences intimes)
(Aucune différence)

Version du 27 septembre 2020 à 09:56

Projet collaboratif et formulaire pour poster vos questions et/ou vos commentaires

Questionswiki.jpg

Ce wiki est un projet collaboratif, auquel chacun peut apporter sa pierre, soit par les questions issues de sa pratique pour lesquelles les réponses sont incertaines ou absentes, soit par les réponses qu'il souhaite lui-même apporter.

Vous devez pour cela entrer votre question ou votre commentaire en utilisant notre formulaire en ligne ici...

Que sait-on de la fréquence des violences conjugales en France ?

Les violences conjugales (VC) constituent un véritable enjeu de santé publique.

Le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel « partenaire intime » au cours d’une année en France est estimé à 220 000 [1].

Dans l’Enquête Nationale sur les Violences envers les Femmes (ENVEFF) [3], réalisée en 2000, une femme sur dix était victime de VC en France [2]. Depuis 2006, la Délégation aux victimes produit l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple recensées sur une année civile.

En 2017, 112 000 victimes âgées de plus de 18 ans ont déposé une plainte ou une main courante auprès des services de police et de gendarmerie pour violences physiques et /ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Les 3/4 déclarent des faits répétés, 5/10 déclarent avoir été soumises à des atteintes psychologiques, et/ou des agressions verbales. Mais moins d’une femme sur cinq déclare avoir porté plainte [3,4].

En 2018, 149 personnes sont décédées sous les coups de leur partenaire ou de leur ex-partenaire de vie (contre 151 en 2017 et 157 en 2016). Parmi ces victimes, on dénombre 121 femmes (contre 130 en 2017), et 28 hommes (contre 21 en 2017). Parmi les 109 femmes tuées par leur ex-partenaire officiel, 54 avaient été victimes de violences antérieurement. Pour les 16 hommes tués par leur ex-partenaire officielle, 11 étaient auteurs de violences [4].

L’auteur des faits est le plus souvent un homme (79,2 % des cas), ayant fait usage d’une arme (67,8 % des cas). Les faits sont, le plus souvent, commis au sein d’un domicile qu’il soit celui du couple ou de l’un des deux membres (83,2 % des cas) [4].

Toutes les régions sont concernées mais les départements les plus touchés sont le Pas de Calais, les Bouches du Rhone, le Nord et la Seine-St Denis. Les régions où la population est la plus dense dépassent le ratio de 0,2169 morts pour 100 000 habitants (Polynésie, Guyane, Martinique) [5].

Les violences entre partenaires intimes toutes causes confondues concernent globalement en France 20% de la population féminine et une femme sur deux est vraisemblablement l’objet de violences psychologiques. Elles concernent aussi dans une moindre mesure les hommes. Les enfants sont souvent des victimes collatérales.

Un décès criminel survient au sein du couple tous les deux jours et demi et une femme décède sous les coups de son partenaire ou de son ex-partenaire tous les trois jours.

Références

[1] Guillam MT, Ségala C, Cassagne E, François C, Thélot B. Épidémiologie des violences conjugales en France et dans les pays occidentaux. Synthèse bibliographique. INVS.

[2] Jaspard M et l’équipe Enveff. Nommer et compter les violences envers les femmes : une première enquête nationale en France. Population & sociétés. 2001 ;364 :1-4.

[3] Ministère de l’intérieur, délégation aux victimes. Morts violentes au sein du couple. Paris 2018.

[4] Secrétariat chargé de l’égalité entre les hommes et les femmes. Violences au sein du couple et violences sexuelles en France : les principales données disponibles pour l’année 2017. La lettre de l’observatoire des violences faites aux femmes. Novembre 2018 ;n°13.

[5] Debauche A, Lebugle A, Brown E, Lejbowicz T, Mazuy M, Charruault A et al. Enquète Virage. INED. Janvier 2017.

Qualité de la preuve : niveau 3

Mots clés : Violence dans le couple ; homicides ; prévalence [spousal abuse ; homicides ; prevalence]

Qu’en est-il ailleurs dans le monde ?

Les premières à dénoncer, dans les années 70, les violences faites aux femmes au sein du couple sont historiquement les associations féministes américaines. L’OMS s’empare du problème en 1990 et alerte les états qui se trouvent devant un réel problème de santé publique.

Tous les rapports sont d’analyse difficile selon qu’il s’agit des rapports de police (partiels et insuffisants, plaintes non abouties), de ceux des associations, des services sociaux et des enquêtes menées par les instituts de recherche en sociologie. La méthodologie employée est aussi très hétérogène en fonction des études [1].

On peut toutefois retenir qu’en moyenne une femme européenne sur cinq est victime de violences physiques et/ou sexuelles au cours de sa vie et presque une femme sur deux de violences psychologiques. En Europe, la prévalence est la plus forte au Danemark, en Lettonie et en Finlande [2]. Ces rapports sont sans doute biaisés car on y parle plus facilement de ces sujets, les signalements sont plus importants, la consommation d’alcool plus élevée.

Pour la France, 9,5% des femmes interrogées par l’Agence Européenne des droits fondamentaux ont déclaré avoir subi des violences conjugales, physiques ou sexuelles, au cours de l’année 2010.

Dans tous les cas les conséquences ont pu être évaluées : lésions traumatiques chez 33% des victimes (dont 5% sont définitives et 1,4% invalidantes), des troubles psychologiques, gynécologiques, obstétricaux et des pathologies chroniques (aggravation de pathologies chroniques préexistantes) [3].

Dans une étude sur les populations étatsuniennes et canadiennes entre 8 et 14% des femmes de tous âges ont rapporté des violences physiques dans l’année précédente par leur conjoint ou ex-partenaire et la prévalence tout au long de la vie était de 25 à 30% [3].

Plus généralement, l’OMS estime que ces femmes auraient globalement 60% de problèmes de santé en plus que le reste de la population prise dans son ensemble [3].

Références

[1] Guillam MT, Ségala C, Cassagne E, François C, Thélot B. Épidémiologie des violences conjugales en France et dans les pays occidentaux. Synthèse bibliographique. INVS.

[2] Santé Publique France. Épidémiologie des violences conjugales en France et dans les pays occidentaux : Synthèse bibliographique 2013. Mis à jour le 29 octobre 2019.

[3] Campbell JC. Health consequences of intimate partner violence. Lancet. 2002;359(9314):1331-1336. doi:10.1016/S0140-6736(02)08336-8.

Qualité de la preuve : niveau 3

Mots clés : Violence dans le couple ; homicides ; prévalence [spousal abuse ; homicides ; prevalence]