Différences entre les versions de « Confinement »
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[4]. [https://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/evidences_et_limites_de_lepidemiologie_320060/article.phtml Perino L. Évidences et limites de l’épidémiologie. Médecine 2021 ; 17(4) :148-50]. | [4]. [https://www.jle.com/fr/revues/med/e-docs/evidences_et_limites_de_lepidemiologie_320060/article.phtml Perino L. Évidences et limites de l’épidémiologie. Médecine 2021 ; 17(4) :148-50]. | ||
'''Qualité de la preuve''' : Grade 3. | |||
'''Mots clés''' : confinement ; efficacité [''lockdown ; efficiency'']. | |||
==Quels effets sur l’humeur des mesures de confinement ?== | |||
'''La situation exceptionnelle créée par l’épidémie, l’absence de traitement efficace, la mise en place des mesures restrictives de libertés et l’information (et désinformation) en continu par tous les médias et réseaux sociaux ont suscité beaucoup de stress et d’anxiété.''' | |||
Au printemps 2020 une enquête sur la prévalence, les évolutions et les déterminants de l’anxiété des Français face à l’épidémie de Covid-19 au cours des deux premières semaines de confinement a révélé une prévalence élevée de l’anxiété de 26,7% (24,8-28,7) la première semaine et une décroissance la 2e semaine à 21,5% (19,8-23,4) [1]. | |||
Selon une synthèse de la DRESS [2,3] à l’issue du premier confinement du printemps 2020, 13,5 % des personnes âgées de 15 ans ou plus en France présentaient un syndrome dépressif, représentant une hausse de 2,5 points par rapport à l’avant confinement en 2019, augmentation particulièrement plus forte chez les 15-24 ans (22,0 % en mai 2020 comparativement à 10,1% en 2019) et chez les femmes (15,8 % en 2020 comparativement à 12,5 % en 2019). | |||
55 % des médecins généralistes ont eu des demandes de soins liés à la santé mentale plus fréquentes qu’à l’ordinaire. 72 % ont estimé ces demandes encore plus fréquentes lors de la deuxième vague en novembre 2020 et pour 16 % d’entre eux le nombre de ces consultations a augmenté de plus de 50 %. | |||
Une revue de 24 études sur 10 continents sur les effets d’une quarantaine à l’occasion de différentes pandémies, SARS, EBOLA, H1N1, MERS, grippe équine, a mis en évidence à long terme chez les sujets ayant subi une mise en quarantaine une forte prévalence de troubles émotionnels, dépression, troubles de l’humeur, insomnie, syndrome de stress post-traumatique [4]. Une durée de quarantaine supérieure à 10 jours augmentait significativement la fréquence des états de stress post traumatique comparativement à une durée inférieure à 10 jours. | |||
'''Les différentes périodes de confinement ont entraîné une forte hausse de la prévalence de syndromes dépressifs et des demandes de soins pour troubles de l’humeur par rapport aux périodes équivalentes des années antérieures.''' | |||
'''Références''': | |||
[1]. [http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/13/2020_13_1.html Chan-Chee C, Léon C, Lasbeur L, Lecrique JM, Raude J, Arwidson P, du Roscoät E. La santé mentale des Français face au Covid-19 : prévalences, évolutions et déterminants de l’anxiété au cours des deux premières semaines de confinement (Enquête CoviPrev 23-25 mars et 30 mars-1er avril 2020). Bull Epidémiol Hebd. 2020; (13):260-9]. | |||
[2]. [https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-03/ER1185.pdf DREES. Confinement du printemps 2020 : une hausse des syndromes dépressifs, surtout chez les 15-24 ans. 2021 ; 1185]. | |||
[3]. [https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-03/ER1186.pdf DREES. Confinement de novembre-décembre 2020 : une hausse des demandes de soins liés à la santé mentale. 2021 ;1186]. | |||
[4]. [https://gpsych.bmj.com/content/33/2/e100213 Qiu J, Shen B, Zhao M, Wang Z, Xie B, Xu Y. A nationwide survey of psychological distress among Chinese people in the Covid-19 epidemic: Implications and policy recommendations. Gen Psychiatr. 2020;33(2):e100213]. | |||
'''Qualité de la preuve''' : Grade 3 | '''Qualité de la preuve''' : Grade 3 | ||
'''Mots clés''' : confinement ; | '''Mots clés''' : confinement ; troubles de l’humeur [''lockdown ; mood disorders''] |
Version du 3 août 2021 à 18:25
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Quelle efficacité des mesures de confinement pour lutter contre le Covid?
Toutes les décisions de contrôle ont pour objectif premier de freiner l’augmentation spectaculaire du nombre de patients en situation critique et d’atténuer la pression sur les services de santé [1,2].
Dans un rapport de l’INSERM en mars 2020 à partir d’un modèle épidémiologique et de caractéristiques démographiques une équipe de chercheurs expliquait « Il suffit que 25% des adultes travaillent de chez eux et que les écoles soient fermées pendant 8 semaines pour que le pic épidémique de Covid-19 puisse être retardé de deux mois. Cette combinaison de mesures permettrait également de réduire de 40% le nombre de cas au moment du pic, par rapport à une situation où ces mesures n’auraient pas été prises» [3].
Une étude de modélisation au printemps 2020 [1] a évalué la progression de l’épidémie dans 8 pays (Angleterre, France, Allemagne, Iran, Italie, Pays Bas, Espagne et États Unis) ayant pris des mesures restrictives strictes incluant le confinement comparativement à deux pays (la Suède et la Corée du Sud) ayant seulement interdit les rassemblements publics. Le taux de croissance moyen de nouveaux cas dans ces 10 pays avant mise en place des mesures était de 0,32, variant de 0,23 (0,13-0,34) en Espagne à 0,47 (0,39-0,55) aux Pays Bas. Il était de 0,25 et 0,33 respectivement en Corée du Sud et en Suède. Dans aucun des 8 pays où étaient appliquées les mesures les plus restrictives elles n’eurent d’effet négatif comparativement à la Suède et à la Corée.
En France le bénéfice global des mesures prises a été évalué à + 7% et + 13% comparativement respectivement à la Suède et la Corée du Sud, mais avec une efficacité variable de chaque mesure prise isolément [1]. Sur le court terme la mortalité diminue suite aux mesures de confinement total. Mais sur le long terme, après prise en compte de l’évolution naturelle de l’épidémie, des précocités des prises de décision, des effets concomitants des mesures moins restrictives et du développement simultané des politiques de dépistage, il est difficile de dégager des corrélations significatives des mesures les plus strictes de confinement sur le taux moyen de croissance des nouveaux cas [4]. L’effet ne peut être identifié pour chaque mesure considérée individuellement mais uniquement si combinées entre elles [1].
Évaluer l‘impact des mesures de restriction est important mais difficile. En l'absence d'évaluation empirique des politiques mises en œuvre, leurs effets sur la réduction de la transmission sont supposés plutôt qu'évalués.
Références
[3]. INSERM. Nouvelles mesures de confinement : quelle efficacité ? 17/03/2020.
[4]. Perino L. Évidences et limites de l’épidémiologie. Médecine 2021 ; 17(4) :148-50.
Qualité de la preuve : Grade 3.
Mots clés : confinement ; efficacité [lockdown ; efficiency].
Quels effets sur l’humeur des mesures de confinement ?
La situation exceptionnelle créée par l’épidémie, l’absence de traitement efficace, la mise en place des mesures restrictives de libertés et l’information (et désinformation) en continu par tous les médias et réseaux sociaux ont suscité beaucoup de stress et d’anxiété.
Au printemps 2020 une enquête sur la prévalence, les évolutions et les déterminants de l’anxiété des Français face à l’épidémie de Covid-19 au cours des deux premières semaines de confinement a révélé une prévalence élevée de l’anxiété de 26,7% (24,8-28,7) la première semaine et une décroissance la 2e semaine à 21,5% (19,8-23,4) [1].
Selon une synthèse de la DRESS [2,3] à l’issue du premier confinement du printemps 2020, 13,5 % des personnes âgées de 15 ans ou plus en France présentaient un syndrome dépressif, représentant une hausse de 2,5 points par rapport à l’avant confinement en 2019, augmentation particulièrement plus forte chez les 15-24 ans (22,0 % en mai 2020 comparativement à 10,1% en 2019) et chez les femmes (15,8 % en 2020 comparativement à 12,5 % en 2019).
55 % des médecins généralistes ont eu des demandes de soins liés à la santé mentale plus fréquentes qu’à l’ordinaire. 72 % ont estimé ces demandes encore plus fréquentes lors de la deuxième vague en novembre 2020 et pour 16 % d’entre eux le nombre de ces consultations a augmenté de plus de 50 %.
Une revue de 24 études sur 10 continents sur les effets d’une quarantaine à l’occasion de différentes pandémies, SARS, EBOLA, H1N1, MERS, grippe équine, a mis en évidence à long terme chez les sujets ayant subi une mise en quarantaine une forte prévalence de troubles émotionnels, dépression, troubles de l’humeur, insomnie, syndrome de stress post-traumatique [4]. Une durée de quarantaine supérieure à 10 jours augmentait significativement la fréquence des états de stress post traumatique comparativement à une durée inférieure à 10 jours.
Les différentes périodes de confinement ont entraîné une forte hausse de la prévalence de syndromes dépressifs et des demandes de soins pour troubles de l’humeur par rapport aux périodes équivalentes des années antérieures.
Références:
Qualité de la preuve : Grade 3
Mots clés : confinement ; troubles de l’humeur [lockdown ; mood disorders]