Différences entre les versions de « Céphalées chroniques quotidiennes ou CCQ »
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Version du 9 novembre 2015 à 11:25
Céphalées Chroniques Quotidiennes ou CCQ
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Définition
Les CCQ constituent un ensemble hétérogène défini par la présence de céphalées plus de 15 jours par mois et plus de 4 heures par jour en l’absence de traitement, depuis plus de 3 mois, sans substratum lésionnel ou symptomatique.
Il s'agit le plus souvent d'une céphalée initialement épisodique – migraine ou céphalée de tension – qui évolue vers une céphalée chronique, sous l'influence notamment d’un abus médicamenteux et de facteurs psychopathologiques
Diagnostic
Quels sont les critères diagnostics d'une céphalée chronique quotidienne ?
La céphalée doit :
- être présente plus de 15 jours par mois ;
- évoluer depuis plus de 3 mois ;
- avoir une durée quotidienne supérieure à 4 heures sans traitement.
Lors de la première consultation, il est recommandé de demander au patient de tenir un agenda de ses céphalées précisant leur date de survenue, leur durée et les médicaments utilisés. Cet agenda, rapporté lors de la consultation suivante, permet de confirmer le diagnostic de CCQ.
Trois tableaux cliniques différents sont possibles :
- les céphalées ont les caractéristiques sémiologiques de la migraine
- les céphalées ont les caractéristiques sémiologiques de céphalées de tension
- il existe un fond céphalalgique permanent auquel s’ajoutent des crises d’allure migraineuse.
Ces 3 tableaux cliniques peuvent être ou non associés à un abus médicamenteux.
Qualité de la preuve : accord professionnel.
Quels sont les médicaments les plus souvent en cause dans les céphalées chroniques quotidiennes ?
Les molécules actuellement les plus utilisées en cas de CCQ par abus médicamenteux sont : le paracétamol, la caféine, la codéine et les triptans.
Le paracétamol, la caféine, la codéine sont souvent utilisés sous forme de spécialités associant plusieurs principes actifs (grade C).
D’autres abus peuvent être associés, notamment un abus en hypnotiques et tranquillisants (benzodiazépines) (grade C).
Plusieurs facteurs influent sur la nature de l’abus médicamenteux :
- l’effet psychotrope de certaines molécules (caféine, codéine, dextropropoxyphène, tramadol) ;
- l’automédication et la facilité pour se procurer le traitement ;
- la susceptibilité individuelle au développement d’une addiction.
Qualité de la preuve : Grade A.
Mon patent présente t-il des symptômes anxio-dépressifs associés ?
Les troubles anxieux et dépressifs doivent être systématiquement recherchés, en raison de leur fréquence élevée chez les patients souffrant de CCQ : un trouble anxieux existe chez 1 patient sur 2, et un trouble de l’humeur chez 1 patient sur 2 ou sur 3, dans la population des consultations spécialisées. Il est probable que les patients souffrant de CCQ en population générale sont moins souvent anxieux et dépressifs.
Les CCQ issues de migraines et les CCQ par abus cmédicamenteux sont associées plus souvent que les autres types de CCQ à des troubles anxieux et dépressifs (grade C).
La présence d’un trouble anxieux ou dépressif a un impact important sur le handicap, la qualité de vie et le pronostic (grade C).
Qualité de la preuve : Grade C.
L’échelle HAD est un instrument qui permet de dépister les troubles anxieux et dépressifs. Elle comporte 14 items cotés de 0 à 3. Sept questions se rapportent à l’anxiété (total A) et sept autres à la dimension dépressive (total D), permettant ainsi l’obtention de deux scores (note maximale de chaque score = 21).Pour télécharger l'échelle.
Présentation de l'échelle HAD sur notre wiki...
Références :
- Zigmond A.S., Snaith R.P. The Hospital Anxiety and Depression Scale. Acta Psychiatr. Scand., 1983, 67, 361-370.
Traduction française : J.F. Lépine
- « L’évaluation clinique standardisée en psychiatrie » sous la direction de J.D. Guelfi, éditions Pierre Fabre.
Présentée également dans : Pratiques médicales et thérapeutiques, avril 2000, 2, 31.
Prise en charge
Quand hospitaliser mon patient atteint de CCQ ?
Le sevrage peut se faire en ambulatoire ou en hospitalisation (grade C). Il est préférable de proposer une hospitalisation en cas :
- d’abus multiples et sévères ;
- d’abus associé de psychotrope ;
- de comorbidité psychiatrique sévère ;
- d’environnement familial défavorable.
La durée de l’hospitalisation est en général de 5 à 10 jours.
Qualité de la preuve : Grade C.
Comment accompagner pharmacologiquement le sevrage ?
Le groupe propose l’utilisation de l’amitriptyline en première intention (25 à 100 mg/j per os). D’autres options thérapeutiques peuvent être envisagées, notamment en cas d’intolérance ou de contre-indication à l’amitriptyline, telles que le valproate de sodium ; d’autres anticomitiaux sont en cours d’évaluation.
Comment prendre en charge la céphalée de rebond au cours du sevrage ?
Il est recommandé d’utiliser des moyens non médicamenteux.
Les traitements médicamenteux doivent être réservés aux céphalées de rebond d’allure migraineuse particulièrement intenses. Dans ce cas, les recommandations de l’Anaes publiées en 2002 (« Prise en charge diagnostique et thérapeutique de la migraine chez l’adulte et chez l’enfant : aspects cliniques et économiques ») pour le traitement de la crise migraineuse (AINS, triptan) sont appliquées, et la période de sevrage est prolongée d’autant.
Qualité de la preuve : accord professionnel.
Quels sont les traitements adjuvants de la prise en charge ?
Quatre types de prise en charge psychothérapeutique peuvent être proposés :
- soutien : il consiste en des entretiens comprenant une écoute des difficultés rencontrées par le patient et un encouragement bienveillant. Il est toujours utile :
- pendant le sevrage,
- après le sevrage pour éviter une rechute précoce ;
- relaxation (grade C) ;
- prise en charge de type cognitivo-comportementale. Elle comprend :
- éducation au problème de l’abus d’antalgiques,
- auto-observation par la tenue d’un agenda,
- relaxation avec ou sans biofeedback,
- gestion du stress,
- gestion de l’utilisation des médicaments.
L’efficacité à court et à long terme de ce type de prise en charge est étayée par des études randomisées (grade B). L’efficacité est meilleure chez les patients n’ayant pas de céphalées permanentes ; · psychothérapie d’inspiration analytique qui peut être conseillée dans certains cas.
Autres techniques d’accompagnement.
À condition d’être couplées à un sevrage et à la mise en place d’un traitement de fond de la céphalée préexistante, d’autres techniques sont utilisées :
- neurostimulation acupuncturale (grade C) ;
- physiothérapie (grade C) ;
- acupuncture ;
- thérapies manuelles.
Qualité de la preuve : Grade C.
Mots-clés : céphalées, migraine, sevrage, anxiété, dépression.