Cystite interstitielle ou syndrome de la vessie douloureuse
Qu’appelle-t-on cystite interstitielle ou syndrome de la vessie douloureuse?
La cystite interstitielle (CI) ou syndrome de la vessie douloureuse est un diagnostic clinique qui repose sur une douleur vésicale et/ou pelvienne associée à d’autres symptômes urinaires tels que urgence et fréquence [1,2].
C’est une maladie d’origine inconnue définie par :
– Une plainte sus-pubienne liée au remplissage vésical ;
– Accompagnée d’autre symptômes comme une pollakiurie diurne (plus de 8 fois par jour) et nocturne (plus d’une fois par nuit) ;
Avec les caractéristiques suivantes :
– Cystoscopiques : glomérulations et/ou ulcère de Hunner, minime ulcération de la paroi de la vessie qui apparaît tyîquement au moment de la distension vésicale ;
– Et/ou histologiques : infiltration par des cellules inflammatoires mononucléaires incluant les cellules mastocytaireset un tissue de granulation.
En l’absence d’infection ou d’autre pathologie.
La prévalence est estimée à 10 à 300/100 000 avec un ratio de dix femmes pour un homme. L'âge moyen au diagnostic est de 45 ans [1]
Références:
Mots clés : Cystite – interstitielle – syndrome de la vessie douloureuse [Cystitis - Interstitial - painful bladder syndrome].
Comment faire le diagnostic de cystite interstitielle ?
La cystite interstitielle est un diagnostic d’exclusion. Il n’existe pas de test clinique spécifique.
La première étape est la recherche des antécédents et l’analyse des symptômes pour éliminer une autre pathologie et orienter les examens complémentaires [1,2].
– Rechercher des antécédents d'Intervention pelvienne ou sur le tractus urinaire, radiothérapie pelvienne, maladies urologiques, chimiothérapie et immunothérapie.
– Préciser les caractéristiques de la douleur. Elle concerne la région sus-pubienne pouvant irradier aux organes génitaux, aux cuisses au périnée. Elle est aggravée par le remplissage vésical et soulagée par la miction.
La pollakiurie est un critère diagnostic. Elle peut être accompagnée de nycturie et d’impériosité mictionnelle. Le nombre de mictions et l’intensité des douleurs seront notés pour évaluer l’efficacité du traitement.
L’examen clinique est normal : palpation abdominale et pelvienne, recherche d’un globe vésical, absence de hernie ou de cicatrice, examen des hanches, examen vulvo-vaginal, évaluation des adducteurs et releveurs du plancher pelvien, toucher rectal chez l’homme.
Références :
Qualité de la preuve : niveau 4.
Mots clés : Cystite – interstitielle – syndrome de la vessie douloureuse - diagnostic [Cystitis - Interstitial - painful bladder syndrome - diagnosis].
Quels examens complémentaires sont utiles pour confirmer le diagnostic ?
Une bandelette urinaire permet d’éliminer une infection ou d’autres anomalies. En cas de pyurie stérile sera réalisée une recherche de tuberculose ou autres pathologies spécifiques (ureaplasma et chlamydiae) et d’une prostatite chez l’homme.
En cas d’antécédents de tabagisme ou de micro-hématurie inexpliquée le haut risque de cancer de la vessie justifie la réalisation d’un examen cytologique.
Une cystoscopie et des explorations uro-dynamiques pourront être une aide au diagnostic dans des situations complexes mais ne sont pas recommandées en première intention en l’absence de complication.
Références:
Qualité de la preuve : niveau 4.
Mots clés: Cystite – interstitielle – syndrome de la vessie douloureuse - diagnostic [Cystitis - Interstitial - painful bladder syndrome - diagnosis].
Quels traitements peut-on proposer ?
Il n’existe pas de traitement unique valable pour tous les patients et le contrôle des symptômes peut nécessiter l’essai de multiples stratégies thérapeutiques [1].
Les traitements doivent prendre en compte les demandes du (ou de la) patient(e), ses symptômes, le rapport bénéfices/risques des différentes options thérapeutiques. Les traitements inutiles seront arrêtés. Les antalgiques ne sont pas efficaces et exposent au risque de dépendance.
Les différents traitements disponibles peuvent être classés en traitements de 1ère, 2nde, 3e intention [1,2].
- 1ère intention : soutien psychologique, éducation thérapeutique, thérapies comportementales, apprentissage de la gestion du stress.
- 2e intention : techniques appropriées de physiothérapie et rééducation pour relâcher les tensions musculaires abdomino-pelviennes ou au niveau de la hanche, assouplir les cicatrices douloureuses .
- Traitements pharmacologiques: amitriptyline, cimetidine, hydroxyzine, pentosan polysulfate de sodium, sans différence d’efficacité démontrée entre eux.
- Les données concernant l’utilisation d’injections intra-vésicales sont limitées du fait de la variabilité des critères entre les différentes méta-analyses. Le BCG semble le mieux toléré. Il n’y a pas de supériorité démontrée entre diméthylsulfoxyde, héparine, lidocaine les uns par rapport aux autres .
- 3e intention. Si les traitements précédents n’ont pas permis le contrôle de la douleur et une amélioration de la qualité de vie la cystoscopie et l’hydrodistension vésicale sous anesthésie de courte durée peuvent être tentées et en cas d’ulcères de Hunner une fulguration par laser et/ou des injections de triamcinolone.
En cas d’échec, des injections sous-muqueuses de toxine botulinique sont possibles si la patiente accepte l’éventualité de devoir faire des autosondages après l’injection Un essai de neurostimulation peut être fait.
Les traitements chirurgicaux (cystectomie) ne doivent être envisagés que comme solution ultime chez des patients soigneusement sélectionnés et informés chez qui les autres thérapeutiques ont échoué et dont la douleur n’est pas maitrisable et la qualité de vie invalidante.
Références :
Qualité de la preuve : niveau 3 & 4
Mots clés : Cystite – interstitielle – syndrome de la vessie douloureuse – traitement [Cystitis - Interstitial - painful bladder syndrome - treatment].