Différences entre les versions de « Maladie cœliaque »

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'''Qualité de la preuve''' : niveau 3
'''Qualité de la preuve''' : niveau 3
===''Facteurs infectieux''===
'''Le rôle d’agents infectieux a été suggéré par plusieurs études montrant une tendance saisonnière de manifestation de la maladie''' [1].
Entre 1973 et 1997, en Suède, il a été constaté une plus grande incidence de MC chez les enfants < 2 ans nés au printemps ou en été comparativement à ceux nés en automne ou en hiver, différence plus marquée chez les garçons que chez les filles.
Il a été émis l’hypothèse que les enfants nés en été avaient été d’avantage exposés au risque d’infection de la mère au cours de la vie intra-utérine en hiver. En outre ils avaient été sevrés également en hiver lorsque le risque d’infection est plus élevé [1].
L’absence de corrélation chez les enfants > 2ans suggère un rôle des facteurs environnementaux sur le développement du système immunitaire.
Dans une étude de cohorte suédoise [2] incluant 954 enfants (373 cas de MC confirmés par biopsies intestinales, et 581 témoins), indépendamment de la composition familiale (frères et sœurs), du genre et du statut socio-économique :
âge moyen au diagnostic = 14 mois (12 à 18) ; âge moyen au premières manifestations de MC = 11 mois (9 – 13) ;
- L’existence de 3 ou plus épisodes infectieux dans l’entourage avant 6 mois augmente significativement le risque d’apparition de MC (OR 1,5 ; CI 95% 1,1 – 2 ; p = 0,009).
- Il y avait en outre une interaction entre le risque infectieux et l’importance des apports en gluten, interaction plus prononcée lorsque l’allaitement avait été interrompu avant l’introduction du gluten et les quantités importantes de gluten comparativement à des quantités plus faibles (OR 5,6 ; 3,1 – 10 ; p < 0,001).
- 26 % des cas de MC (n = 97) et 23% des témoins (n= 134) avaient reçu un traitement antibiotique au cours des 6 premiers mois de vie. Il n’y avait pas d’augmentation significative du risque de MC ultérieure en lien avec un traitement antibiotique (OR 1,2 ; 0,87 – 1,6 ; p = 0,27).
'''L’âge d’introduction du gluten n’est pas en soi un facteur de risque indépendant. On constate un effet synergique entre des infections précoces et la quantité quotidienne de gluten qui corrobore l’importance de l’allaitement maternel en particulier en cas de risque infectieux élevé''' [2].
'''Références''':
[1] [http://ijponline.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13052-015-0166-y Sarno M, Discepolo V, Troncone R, Auricchio R. Risk factors for celiac disease. Ital J Pediatr. 2015;41(1):57. 10.1186/s13052-015-0166-y].
[2] Myléus A, Hernell O, Gothefors L, Hammarström M-L, Persson L-Å, Stenlund H, et al. Early infections are associated with increased risk for celiac disease: an incident case-referent study. BMC Pediatr.2012;12:194. doi: 10.1186/1471-2431-12-194.
'''Mots clés''' : maladie cœliaque ; infections ; protéines gluten [''cœliaque disease ; infections ; gluten proviens'']
'''Qualité de la preuve''' : niveau 3

Version du 10 juin 2016 à 17:55

La maladie cœliaque est-elle une pathologie fréquente ?

Considérée jusqu’à encore récemment comme une affection rare touchant essentiellement l’enfant la maladie cœliaque (MC) est en progression constante passée du statut de maladie digestive rare du nourrisson à celui de maladie systémique touchant tous les âges.

La prévalence de la MC dans les pays occidentaux, réévaluée à partir des études séro-épidémiologiques, est en progression constante, de 0,7 à 2% en population générale mais plus élevée dans certaines populations « à risque » [1]:

- 3 à 6% chez les diabétiques de type 1 ;

- 10 à 20% chez les apparentés du 1er degré d’un sujet porteur de la maladie ;

- 3 à 15% chez les sujets ayant une anémie ferriprive ;

- 1 à 3% en cas d’ostéoporose.

Surtout, la majorité des MC sont atypiques, donc souvent méconnues : pour chaque cas de MC diagnostiquée, il existerait 3 à 7 cas non diagnostiqués [2,3].

On retrouve une incidence proche de celles d’Europe ou des USA en Afrique du Nord, au Moyen-Orient ou en Inde. En revanche, elle est quasiment nulle en Asie du Sud Est et en Afrique noire.

L’incidence est passée de 2-3 à 9, voire 13, nouveaux cas pour 100 000 habitants et par an durant ces 30 dernières années, probablement du fait de la meilleure connaissance des formes atypiques et silencieuses grâce aux tests sérologiques.

Des différences génétiques de prédisposition et des modalités de la diversification alimentaire pourraient aussi expliquer ces variations géographiques et dans le temps.

Il y a nombre de populations à haut risque de MC mais en l’absence de données indiquant un bénéfice d’une détection précoce de la maladie un dépistage de routine n’est pas recommandé en dehors de cas individuels [3].

Références:

[1] Malamut G, Cellier C. Maladie cœliaque : dépistage de masse ou diagnostic dans des populations ciblées ? Gastroenterol Clin Biol 2004 ;28 :863-7.

[2] Olives JP. La maladie cœliaque. Post'U. 2013:13-20.

[3] NIH Consensus Development Conference on Celiac Disease. NIH Consens State Sci Statements. 2004;21(1):1‑23.

Mots clés : maladie cœliaque ; prévalence [cœliaque disease ; prevalence]

Qualité de la preuve : niveau 1

Quelles sont les manifestations cliniques de la maladie cœliaque ?

Les manifestations les plus classiques sont la diarrhée et la malnutrition.

La maladie cœliaque est traditionnellement définie par une malabsorption gastro-intestinale se manifestant précocement dans la petite enfance après l’introduction du gluten. Mais il est admis que les manifestations cliniques peuvent être très variables, concerner beaucoup d’organes et survenir à tous les âges [1].

- Chez le jeune enfant : la forme typique associe dès le début de l’ingestion du gluten : retard de croissance, diarrhée chronique, distension abdominale, fonte et hypotonie musculaire, anorexie, tristesse, avec de grandes variations selon les pays.

Il existe des formes atypiques avec des symptomatologies très variées :

  • manifestations extra abdominales et peu de symptômes gastro-intestinaux ;
  • anémie ferriprive fréquente parfois seul symptôme révélateur ;
  • dermatites herpétiformes, prurit intense généralisé concernant l’ensemble des téguments et les extrémités, aphtes, stomatites ;
  • retard de croissance, petite stature, hypoplasie dentaire ;
  • retard pubertaire, infertilité ;

- Chez l'adulte, la MC peut être « classique » (diarrhée prédominante) ou silencieuse (symptômes gastro- intestinaux peu importants), présentant d’autres manifestations (anémie ou ostéoporose), associée à des maladies auto-immunes (diabète de type 1, thyroïdites, neuropathie périphérique), ou des tumeurs malignes.

La MC peut rester chez l’enfant totalement silencieuse, prédisposant à des formes typiques de l’adulte. La constatation d’une obésité ne suffit pas à éliminer le diagnostic [1].

Référence :

[1] NIH Consensus Development Conference on Celiac Disease. NIH Consens State Sci Statements. 2004;21(1):1‑23.

Mots clés : maladie cœliaque ; signes et symptômes [cœliaque disease ; signs and symptoms]

Qualité de la preuve' : niveau 2

Quels sont les facteurs de risque de maladie cœliaque ?

Facteurs génétiques

La recherche de marqueurs génétiques peut être utile pour stratifier les patients entre haut et bas risque de MC.

Plus de 97% des patients présentant une MC ont des marqueurs HLA DQ2 et/ou DQ8 contre 40 % dans la population générale.

Quand le diagnostic est incertain une recherche négative de groupes HLA DQ2 et DQ8 a une haute valeur prédictive négative (VPN) de MC chez les patients ayant une symptomatologie limite ou ceux ayant des difficultés à suivre un régime imposé sans gluten [1-3].

Le typage HLA peut également être utile ainsi que pour évaluer le risque chez des patients asymptomatiques parents au premier degré de d’un sujet atteint [1,2].

Références

[1] NIH Consensus Development Conference on Celiac Disease. June 28-30, 2004.

[2] Evans KE, Sanders DS. What is the use of biopsy and antibodies in coeliac disease diagnosis? (Symposium). J Intern Med. 2011;269:572–81.

[3] Sarno M , Discepolo V , Troncone R , Auricchio R .Risk factors for celiac disease. Ital J Pediatr. 2015;41(1):57.

Mots clés : maladie cœliaque ; prédisposition génétique [cœliaque disease ; genetic susceptibility]

Qualité de la preuve : niveau 3

Facteurs nutritionnels

Les pratiques alimentaires précoces au cours de la première année et l’importance des quantités de gluten introduites pendant la période de sevrage contribueraient à l’augmentation du risque de MC [1].

Entre 1985 et 1994 l’incidence de MC en Suède a augmenté de 65 à 198 / 100 000, attribuée à l’augmentation de la part du gluten dans l’alimentation infantile parallèlement à la diminution de l’allaitement maternel.

- Dans deux cohortes d’enfants âgés de 12 ans nés pendant (1993) et après (1997) cette épidémie [2]:

  • La proportion de gluten dans l’alimentation était respectivement de 38 g et 24 g/enfant/jour ;
  • En 1997 les femmes continuaient d’allaiter plus longtemps après l’introduction du gluten (9 mois vs 7 mois ; p < 0,001).
  • La prévalence de MC est passée dans le même temps de 2,9 à 2,2 %, mais la différence reste peu significative (OR 0,79 ; IC 0,63-0,98 ; p = 0,03).

Les auteurs de cette étude recommandent une introduction progressive de gluten en petites quantités, à partir de 4 mois, de préférence pendant l’allaitement en cours.

- D’autres études ont conclu que ni la période d’introduction du gluten, ni l’allaitement au sein n’ont d’effet significatif sur le risque de développement de la MC.

L’introduction plus tardive du gluten a seulement comme conséquence une manifestation plus tardive de la maladie. Le risque majeur de révélation précoce est l’homozygotie HLA-DQ2 [1].

Références:

[1] Sarno M, Discepolo V, Troncone R, Auricchio R. Risk factors for celiac disease. Ital J Pediatr. 2015;41(1):57. 10.1186/s13052-015-0166-y.

[2] Szajewska H, Shamir R, Chmielewska A, Pieścik-Lech M, Auricchio R, Ivarsson A, et al. Systematic review with meta-analysis: early infant feeding and coeliac disease – update 2015. Aliment Pharmacol Ther. 1 juin 2015;41(11):1038 54.

Mots clés : maladie cœliaque ; méthodes d’alimentation [cœliaque disease ; feeding methods]

Qualité de la preuve : niveau 3

Facteurs infectieux

Le rôle d’agents infectieux a été suggéré par plusieurs études montrant une tendance saisonnière de manifestation de la maladie [1].

Entre 1973 et 1997, en Suède, il a été constaté une plus grande incidence de MC chez les enfants < 2 ans nés au printemps ou en été comparativement à ceux nés en automne ou en hiver, différence plus marquée chez les garçons que chez les filles.

Il a été émis l’hypothèse que les enfants nés en été avaient été d’avantage exposés au risque d’infection de la mère au cours de la vie intra-utérine en hiver. En outre ils avaient été sevrés également en hiver lorsque le risque d’infection est plus élevé [1].

L’absence de corrélation chez les enfants > 2ans suggère un rôle des facteurs environnementaux sur le développement du système immunitaire.

Dans une étude de cohorte suédoise [2] incluant 954 enfants (373 cas de MC confirmés par biopsies intestinales, et 581 témoins), indépendamment de la composition familiale (frères et sœurs), du genre et du statut socio-économique : âge moyen au diagnostic = 14 mois (12 à 18) ; âge moyen au premières manifestations de MC = 11 mois (9 – 13) ;

- L’existence de 3 ou plus épisodes infectieux dans l’entourage avant 6 mois augmente significativement le risque d’apparition de MC (OR 1,5 ; CI 95% 1,1 – 2 ; p = 0,009).

- Il y avait en outre une interaction entre le risque infectieux et l’importance des apports en gluten, interaction plus prononcée lorsque l’allaitement avait été interrompu avant l’introduction du gluten et les quantités importantes de gluten comparativement à des quantités plus faibles (OR 5,6 ; 3,1 – 10 ; p < 0,001).

- 26 % des cas de MC (n = 97) et 23% des témoins (n= 134) avaient reçu un traitement antibiotique au cours des 6 premiers mois de vie. Il n’y avait pas d’augmentation significative du risque de MC ultérieure en lien avec un traitement antibiotique (OR 1,2 ; 0,87 – 1,6 ; p = 0,27).

L’âge d’introduction du gluten n’est pas en soi un facteur de risque indépendant. On constate un effet synergique entre des infections précoces et la quantité quotidienne de gluten qui corrobore l’importance de l’allaitement maternel en particulier en cas de risque infectieux élevé [2].

Références:

[1] Sarno M, Discepolo V, Troncone R, Auricchio R. Risk factors for celiac disease. Ital J Pediatr. 2015;41(1):57. 10.1186/s13052-015-0166-y.

[2] Myléus A, Hernell O, Gothefors L, Hammarström M-L, Persson L-Å, Stenlund H, et al. Early infections are associated with increased risk for celiac disease: an incident case-referent study. BMC Pediatr.2012;12:194. doi: 10.1186/1471-2431-12-194.

Mots clés : maladie cœliaque ; infections ; protéines gluten [cœliaque disease ; infections ; gluten proviens]

Qualité de la preuve : niveau 3