Activité physique
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Pourquoi est-il important d’avoir une activité physique régulière ?
L’activité physique régulière est généralement considérée comme un comportement qui réduit la mortalité prématurée toutes causes confondues et qui améliore de nombreux paramètres de santé. Elle pourrait jouer un rôle dans l’allongement de l’espérance de vie [1].
La sédentarité est reconnue dans les pays industrialisés comme le principal fléau en termes de mortalité et morbidité après le tabac entre autres pour ses effets sur le surpoids et ses conséquences cardio-vasculaires [2;3].
Est considérée comme sédentaire toute personne n’ayant pas une activité physique modérée d’au moins 30 mn/jour en une seule fois ou en plusieurs plages de 10 mn chacune [3].
L’activité physique est un traitement à part entière de pathologies chroniques invalidantes telles que les maladies cardio vasculaires ischémiques, les pathologies métaboliques telles que le diabète de type 2, la BPCO. Elle contribue par ailleurs comme adjuvant au traitement de nombre de pathologies neurologiques (SEP, hémiplégie…) ou rhumatismales (arthrose, maladies inflammatoires) [1].
La pratique d’une activité physique modérée régulière contribue en outre au bien être subjectif et à la qualité de vie [1].
Références :
[1] INSERM. Activité physique. Contexte et effets sur la santé. Expertise collective. 2008.
[2] Bernstein MS. Essais cliniques randomisés sur les bénéfices de l’augmentation de l’activité physique chez les adultes. Méd Hyg. 2002;60:281-8.
[3] National Institutes of Health (NIH). Physical Activity and Cardiovascular Health. Consensus Development Conference Statement. Décembre 1995.
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : Activité physique – mortalité - prévention [Physical activity – mortality – Prevention]
Quel est l’impact de l’activité physique sur les pathologies cardio-vasculaires ?
L’activité physique peut agir sur les différents facteurs de risque impliqués dans les maladies cardio-vasculaires [1], notamment l’hypertension, l’obésité, le diabète de type 2.
HTA. Dans une méta-analyse de 54 essais randomisés contrôlés ayant inclus 2419 participants, l’exercice aérobie était associé à une réduction de la PAS en moyenne de 3,84 mmHg et de la PAD de 2,58 mmHg [2]. D’autres méta-analyses ont confirmé que la réduction de la PA était observée aussi bien chez les sujets hypertendus que normotendus, en surpoids ou non [3].
Le poids. Dans l’étude américaine Diabetes Prevention Program (DPP) [4] 3234 personnes diabétiques ont été suivies pendant en moyenne 2,8 ans, réparties en trois groupes : 1082 sous placebo, 1073 sous metformine, 1079 bénéficiant d’un programme d’interventions intensives sur l’hygiène de vie. Dans chacun des trois groupes la perte de poids était respectivement de 0,1 – 2,1 et 5,6 kg (p<0,001).
Des études ont montré que l’activité physique pouvait entraîner une réduction de la masse grasse abdominale, mais le rôle de l’exercice physique seul, non associé à des mesures diététiques reste controversé [5].
Morbi-mortalité cardio-vasculaire. Dans une étude portant sur 73 743 femmes de 50 à 79 ans suivies pendant 5,9 ans il y avait, pendant toute la durée de suivi, une relation rigoureusement inverse entre le score d’activité physique totale calculé en heures par semaine et le risque à la fois d’événement cardio vasculaire et plus spécifiquement de maladie coronarienne. Comparativement à celles ayant le moins d’activité, pour les femmes en ayant entre 45 minutes et 7 heures par semaine la réduction peut atteindre 30 à 50% en fonction du degré de l’activité physique, indépendamment des notions d’âge, sexe ou ethnie [5].
Ces résultats sont similaires à ceux observés dans l’étude Air Force/Texas Coronary Atherosclerosis PreventionStudy (AFCAPS/TexCAPS) chez 5608 hommes de 45 à 73 ans et 997 femmes de 55 à 73 ans, en bonne santé avec un taux moyen de cholestérol et suivis pendant 5,2 ans. Sous lovastatine (20 à 40 mg) versus placebo le risque relatif d’événement cardio-vasculaire était de 0,75 (IC 95% 0,62-0,91 ; p<0,003) [6,7].
Toutes les études épidémiologiques ont démontré une relation inverse entre l’intensité de l’activité physique et l’incidence des maladies cardio-vasculaires athéromateuses.
Références
[1] INSERM. Activité physique. Contexte et effets sur la santé. Expertise collective. 2008.
[2] Whelton SP, Chin A, Xin X, He J. Effect of aerobic exercise on blood pressure: a meta-analysis of randomized, controlled trials. Ann Intern Med 2002 ;136(7) :493-503.
[3] Stewart KJ. Exercice training and the cardiovascular consequences of type 2 diabetes and hypertension. Plausible mechanismsfor improving cardiovascualar health. JAMA 2002 ;288 :1622-31.
[4] Knowler WC, Barrett-Connor E, Fowler SE, Hamman RF, Lachin JM, Walker EA, et al for the Diabetes Prevention Program Research Group. Reduction in the incidence of type 2 diabetes with lifestyle Intervention or metformin. N Engl J Med 2002 ;346(6) :393-403.
[5] Manson JE, Greenland P, Lacroix ZA, Stefanick ML, Mouton CP, Oberman et al. Walking compared with vigorous exercise for the prevention of cardiovascular events in women. N Engl J Med 2002 ;347(10) :716-25.
[6] Thompson PD. Additional steps for cardiovascular Health. N Engl J Med 2002 ;347(10) :755-6.
[7] Downs JR, Clearfield M, Weis S, Whitney E, Shapiro DR, Beere PA et al. Primary prevention of acute coronary events with lovastatine in men and women with average cholesterol levels. Results of AFCAPS/TexCAPS. JAMA. 1998;279(20):1615-1622.
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : Activité physique – prévention – Hypertension – pathologies cardio-vasculaire – Obésité [Physical activity – Prevention – cardiovascular desease – obésité].
L’activité physique peut-elle avoir un effet préventif sur le diabète ?
L’activité physique réduit la résistance à l’insuline, soit par des mécanismes directs soit par un effet indirect sur le poids, tout simplement du fait de la dépense énergétique occasionnée [1].
Dans la Diabetes Prevention Study (DPS) [2] 522 patients (172 hommes et 350 femmes) en surpoids de moyenne d’âge 55 ans ayant un BMI moyen de 31 avec intolérance au glucose ont été répartis en deux groupes :
- un groupe contrôle recevant une simple information sur les mesures diététiques et la nécessité d’activité physique ;
- et un groupe intervention recevant des informations détaillées avec objectifs chiffrés en matière diététique et des conseils individuels pour une activité physique modérée d’au moins 30 minutes par jour.
Au bout de 2 ans de suivi, dans le groupe intervention comparativement au groupe contrôle :
- la perte de poids était significativement plus importante (3,5 ± 5,5 kg) vs (0,8 ± 4,4 kg) (p<0,0001).
- les différences de glycémie à jeun et 2 heures après charge en glucose étaient également significatives (p<0,0001).
- ainsi que les taux d’insulinémie et de triglycéridémie.
Un diabète a été diagnostiqué chez 86 sujets, dont 27 dans le groupe intervention et 59 dans le groupe contrôle.
La Nurses’ Health Study (NHS) [3] sur 70 000 infirmières américaines suivies pendant 15 ans a confirmé ces données avec une réduction hautement significative du risque de diabète variant du simple au double en fonction du niveau d’activité physique avec dans le meilleur des cas un risque relatif de 0,46 (p<0,001).
Ainsi, l'activité physique, en combinaison avec des mesures diététiques, constitue une prévention efficace du diabète de type 2 [1].
Références :
[1] Vischer UM. La prévention du diabète de type 2 : activité physique ou médicaments ? Méd Hyg. 2003;61:1192-7.
[2] Tuomilehto J, Lindström J, Eriksson JG, Valle TT, Hämäläinen H, Ilanne-Parikka P et al. Prevention of type 2 diabetes mellitus by change in lifestyle among subjects with impaired glucose tolerance. N Engl J Med 2001 ;344(18) :1343-50.
[3] Hu FB, Manson JE, Stampfer MJ, Colditz G, Liu S, Solomon CG et al. Diet, lifestyle, and the risk of type 2 diabetes mellitus in women. N Engl J Med 2001;345(11) : 790-7.
Qualité de la preuve : niveau 1
Mots clés : Activité physique – prévention – Diabète [Physical activity – Prevention –diabetes mellitus].
Quels sont le niveau et le type d’activité physique souhaitables?
Ce n’est pas tant l’importance de la dépense physique qui doit être prise en compte. La majorité des bénéfices pour la santé en général peuvent être obtenus avec des activités d’intensité modérée [1].
Dans une étude portant sur 73 743 femmes de 50 à 79 ans suivies pendant 5,9 ans il y avait, pendant toute la durée de suivi, une relation rigoureusement inverse entre le score d’activité physique totale calculé en heures par semaine et le risque à la fois d’événement cardio vasculaire et plus spécifiquement de maladie coronarienne [2]. Après ajustement par l’âge pour 1, 2, 3, 4 ou 5 heures d’activité physique par semaine le risque relatif d ‘événement cardio-vasculaire décroit respectivement à 1- 0,73 - 0,69 - 0,68 et 0,47 (p<0,001).
La réduction du risque liée à la marche était identique à celle observée pour des exercices plus violents tels que le jogging ou le tennis [2].
Il est recommandé que tous les enfants et adultes se fixent un objectif d’au moins 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée de préférence chaque jour. Tous les types d’activité sont à prendre en compte : activités de loisirs (marche, vélo, natation) mais aussi les activités quotidiennes non sportives d’entretien ménager ou jardinage par exemple [3].
Les recommandations sont que chaque individu parvienne à effectuer de façon régulière une activité modérée adaptée à ses capacités et ses préférences. L’intensité recommandée est celle qui fait transpirer un peu et essouffle légèrement tout en permettant la conversation [4].
Références :
[2] Manson JE, Greenland P, Lacroix ZA, Stefanick ML, Mouton CP, Oberman et al. Walking compared with vigorous exercise for the prevention of cardiovascular events in women. N Engl J Med 2002 ;347(10) :716-25.
[4] Bernstein MS. Essais cliniques randomisés sur les bénéfices de l’augmentation de l’activité physique chez les adultes. Méd Hyg. 2002;60:281-8.
Qualité de la preuve : niveau 3
Mots clés : Activité physique – prévention - bénéfices [Physical activity – Prevention - effectiveness].
Activité physique et pathologies ostéo-articulaires.
Quel est l’impact de l’activité physique sur le risque et la progression de l’ostéoporose
L’activité physique est essentielle pour le développement normal du squelette au cours de l’enfance et de l’adolescence et pour maintenir la densité de la masse osseuse chez l’adulte[1,2].
Dans une étude de cohorte portant sur 1169 femmes de 75 ans ou plus, plus de la moitié (55,3%) indiquaient avoir au moins une heure d’activité physique chaque jour alors que 14.5% déclaraient avoir moins de 15 à 20 minutes d’activité chaque jour. Ont été analysés les effets de la fréquence et de la régularité d’une activité physique modérée sur la densité minérale osseuse évaluée au niveau du rachis lombaire (L1 à L4), du col fémoral, du trochanter et de la hanche considérée dans son ensemble.
Pour chaque site entre 75 et 84 ans, une augmentation d’activité physique modérée de 2-3 heures à 6-7 heures par semaine avait pour effet une augmentation significative de la densité minérale osseuse de 0,008 g/cm2 de l’ensemble de la hanche (p<0,019) et de 0,006 g/cm2 au niveau du trochanter (p<0,018) et du col fémoral (p<0,042). Au niveau du rachis lombaire il y avait une diminution de 0,006 g/cm2 suggérant une relation négative mais non significative (p<0,066) [3].
Une activité physique modérée mais régulière permet de maintenir et améliorer la densité osseuse, même chez les personnes âgées sans nécessité de recourir à des régimes d’exercices spécifiques [3].
Références:
[2] OMS. Recommandations mondiales sur l’activité physique pour la santé.
Qualité de la preuve: niveau 3.
Mots clés: activité physique – Ostéoporose – DMO [physical activity – osteoporosis – BMD].
L’activité physique peut-elle influer sur le risque de fracture?
Pratiquer une activité physique régulière peut contribuer à réduire le risque de fracture chez les personnes âgées.
Dans une cohorte de 2205 hommes de 49 à 51 ans suivis pendant 35 ans les activités physiques de loisir ont été notées régulièrement à 60, 70, 77 et 82 ans. 482 ont eu au moins une fracture. Selon qu’ils étaient sédentaires ou avaient une activité de marche ou de vélo, d’intensité moyenne, simplement pour le plaisir le risque relatif de fracture était respectivement de 2,56 (IC 95 : 1,55-4,24) et 1,61 (IC 95 :1,10-2,36).
A l’issue de l’étude, selon qu’ils avaient eu une activité intense, moyenne ou faible, 8.4%, 13.3% et 20.5% avaient respectivement présenté une fracture de hanche [1].
En se référant à l’estimation du risque en population générale on estime qu’un tiers de toutes les fractures de hanche pourraient être prévenues par une activité physique régulière.
Qualité de la preuve: niveau 3.
Mots clés: activité physique – fractures ostéoporotiques [physical activity – osteoporotic fractures].
Quel est l’impact de l’activité physique sur le risque de survenue ou d’aggravation d’incapacités liées à une arthrose ?
Une activité physique régulière a un effet bénéfique sur le risque de survenue ou d’aggravation d’incapacités fonctionnelles liées à l’arthrose.
Une cohorte de 1680 hommes et femmes de 49 à 83 ans [1] présentant des signes d’arthrose du genou (ostéophytose tibiofémorale, douleur et raideur pratiquement tous les jours pendant au moins 1 mois au cours des 12 derniers mois) et 675 sans arthrose ont été répartis en 4 groupes équivalents en nombre selon qu’ils avaient régulièrement chaque jour entre 192 et 385 minutes d’activité non sédentaire. Après ajustement des facteurs socio économiques et des antécédents médicaux et autres états pathologiques (insuffisance cardiaque, pulmonaire ou rénale, maladie coronarienne, diabète….) le risque relatif au bout de 2 ans de développer ou aggraver une incapacité dans la réalisation des activités de la vie courante en rapport avec une arthrose du genou évoluait de façon significative inversement à la durée de l’activité (HR 1,00 et 0,58) (p=0,007). Pour une même durée il n’y avait pas de différence entre une activité physique légère et une activité plus intense (HR 1,00 et 0,67) (p = 0,039).
Même chez des patients ayant une réduction de leurs activités du fait de pathologies spécifiques augmenter la dépense physique a des effets bénéfiques sur la réduction de l’incapacité fonctionnelle quelle que soit l’intensité de l'exercice. C’est la durée en elle même qui importe le plus.
Référence:
[1] Dunlop DD, Song J, Semanik PA, SharmaL, Bathon JM, Eaton CB et al. Relation of physical activity time to incident disability in community dwelling adults with or at risk of knee arthritis: prospective cohort study. BMJ 2014;348:g2472.
Qualité de la preuve: niveau 3
Mots clés: activité physique – ostéoarthrose [physical activity – osteoarthritis].
L’activité physique est-elle aussi bénéfique chez les personnes âgées ?
L’activité physique prévient un certain nombre de processus délétères liés au vieillissement.
Le bénéfice de l’activité physique chez les personnes âgées est prouvé dans de nombreux domaines (maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, ostéoporose) mais surtout sur des situations spécifiques : prévention des chutes, de la dépendance et du déficit cognitif [1,2].
Sur 18 766 infirmières de 70 à 81 ans de la Nurses’ Health Study suivies pendant 6 ans il y avait une association significative entre la pratique d’une activité physique et la diminution du risque de déficit cognitif, jusqu’à -20% pour les activités les plus intenses (OR 0,80 ; IC 95% 0,67-0,95) [3]. La baisse des scores aux différents tests cognitifs (mémoire, fluence verbale, attention) était moindre chez les femmes marchant 1h 30 par semaine que chez celles marchant moins de 40 minutes par semaine (p<0,001) [3].
Dans une étude sur 610 hommes et 487 femmes de 65 ans ou plus environ les 2/3 de ceux qui avaient à la base un niveau élevé d’activité physique étaient encore en vie à 80 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes contre seulement 1/3 des hommes et un peu moins de la moitié des femmes chez les moins actifs [4].
Une réduction du nombre d’incapacités fonctionnelles telles que des troubles de la marche dans les années précédant le décès a été observée chez les sujets âgés actifs comparativement aux sédentaires, le gain étant dépendant de l’intensité de l’activité..
Les capacités aérobies minimales pour mener une vie indépendante étant estimées à 13-14 ml/kg/mn une augmentation de la consommation maximale d’oxygène de l’ordre de 3 à 4 ml/kg/mn pourrait repousser de 6 à 7 ans l’âge d’entrée dans la dépendance[in1].
Références: [1] INSERM. Activité physique. Contexte et effets sur la santé. Expertise collective. 2008.
[2] Blain H, Vuillemin A, Blain A, Jeandel C. Les effets préventifs de l’activité physique chez les personnes âgées. Presse Med 2000 ; 29:1240-8.
[3] Weuve J, Kang JH, Manson JE, Breteler MMB, Ware JH, Grodstein F. Physical activity, including walking, and cognitive function in older women. JAMA 2004;292:1454-61.
[4] Leveille SG, Guralnik JM, Ferrucci L, Langlois JA. Aging successfully until death in old age : opportunities for increasing active life expectancy. Am J Epidemiol 1999 ;149(7) :654-64.
Qualité de la preuve: niveau 1
Mots clés: activité physique – personnes âgées – troubles cognitifs [physical activity – elderly – cognitive impairment].
Bibliomed
- Collectif. Que peut-on attendre d'une activité physique régulière chez l'adulte? Bibliomed 2003;327.